"Bharadvaja était à la recherche de la longévité..." Ce sont les premiers mots du plus grand texte classique de l'Ayurvéda : la C(h)araka samhita. Au fil de ce traité de médecine ayurvédique, Agnivesha disciple d'Atreya Purnavasu nous conte ce qui a été transmis depuis Brahma jusqu'à lui ; et c'est là la seule véritable histoire universelle de l'Ayurvéda : le mythe !
La source de l'Ayurvéda
Alors voici : Brahma, qui est à l'origine de la chaîne de transmission, est simplement Dieu, le Divin. Donc le premier enseignement du grand maître Purnavasu est de nous expliquer que l'ayurvéda n'est pas une science créée mais une science "reçue". Elle fait partie de ce qu'on appelle en sanskrit la S(h)ruti : "ce qui a été entendu par les sages". On peut le comprendre, selon notre sensibilité, de plusieurs manières, mais la plus digeste est qu'il s'agit d'une connaissance des principes universels basée sur l'observation de la Nature et qu'en cela personne n'en est le détenteur si ce n'est le Créateur lui-même.
En réalité c'est le second enseignement, parce que le premier est la recherche de longévité comme source de l'Ayurvéda. "Bharavadja était à la recherche de la longévité" nous dit-il. Alors dans cette quête - pour laquelle il a été désigné par un groupe de sages, nous y reviendrons - il va s'adresser aux divinités, intermédiaires dans la chaîne de transmission depuis Le Divin. Ce sont les jumeaux Asvin, à tête de cheval, qui sont les divinités dépositaires de cette connaissance, ils sont les médecins des Dieux, et ils l'enseignèrent à Indra qui a son tour la transmit à Bharavadja. Ce dernier avait présenté la requête en ces termes : "Des maladies sont apparues qui provoquent la peur chez tous les êtres vivants, dis moi donc Ô maître des immortels, le moyen qui convient pour les apaiser." Et c'est parce qu'il avait observé l'étendue de l'esprit de Bharavadja qu'Indra lui confia cette connaissance de la longévité : l'Ayurvéda.
Cette requête pour laquelle Bharavadja avait été désigné émanait d'un groupe de sages (rishi) qui s'étaient rassemblés "sur un flanc auspicieux de l'Himalaya, par compassion envers les créatures, lorsque les maladies furent à ce point devenues des obstacles à l'ardeur ascétique (tapas), au jeûne, à l'étude, à la pratique intérieure et à la longévité des êtres vivants." Ces sages sont listés et leurs noms nous apprennent qu'ils viennent de diverses régions et traditions, comme "le Perse" ou "l'ermite de la forêt". Nous apprenons aussi dans ce verset que le but de la santé est l'achèvement spirituel par la pratique ascétique et que pour cela nous avons besoin de temps et donc de longévité.
L'apparition des maladies est identifiée comme la conséquence du regroupement des populations de plus en plus nombreuses dans des lieux de plus en plus serrés : l'urbanisation. Et si cela était un problème il y a plusieurs millénaires dans l'Himalaya où ils devaient être au maximum des milliers de personnes, imaginez ce que cela signifie pour nous et nos mégalopoles. Ou n'imaginez pas : ouvrez les yeux !
"Les connaisseurs regardent cette connaissance (veda) de la vie longue (ayus) comme la plus bénéfique puisqu'elle est utile dans les deux mondes (celui-ci, et le prochain)." Ca, Su. 1:43
Une autre histoire de l'ayurvéda
Et sinon, l'ayurvéda est considérée comme un upaveda ; c'est-à-dire un texte qui vient compléter les védas et qui leur est postérieur. Toutefois, comme nous l'avons vu, les sages rishi réunis dans l'Himalaya n'étaient pas tous de culture védique. En ce qui concerne l'origine temporelle de l'ayurvéda, selon la tradition, elle est inhérente à la création de l'univers, selon les scientifiques les premiers datations de textes seraient cinq siècles avant l'ère commune.
Il ne faut pas oublier aussi toute une dimension de l'ayurvéda qui est en dehors des textes. On parle ici de l'ayurvéda "académique", mais il existe bien-sûr une autre forme de médecine traditionnelle en Inde, qui est aussi l'ayurvéda et qui a beaucoup de similitude avec la médecine Siddha du Tamil Nadu, mas ce n'est pas notre sujet, alors je vous laisse demander à Wikipedia si besoin.
Namaste Salam
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